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DEPART


Le train s'en va,

qui emporte un sourire,

qui emporte l'éclair d'un regard

sous la rousseur des cheveux.


Heures tendres,

heures de nuit

aux rougeoiements du feu,

cernés de froid.

Au petit matin,

l'horaire,

celui du sifflet et de la correspondance,

celui des motrices indifférentes qui roulent vers le bout des mondes connus.


Le train s'en va,

qui emporte ce qui ensuite ne fut plus,

l'éphémère magie des confusions de l'âme.


Il y a longtemps,

sur des rails froids,

une vie me quitta,

qui m'aurait emporté sous des lunes brûlantes

et des soleils souriants.

Je suis resté au bord des voies,

muet-hurlant-fou-cassé-aveuglé-perdu-paralysé

pendu par le coeur aux étoffes de la plénitude qui s'effilochaient sans retour.


Je déteste les gares,

les trains,

les billets à composter et les grandes horloges.

et puis les quais, les quais, les quais,

qui s'étirent pendant si longtemps,

jusqu'au bout des heures mortelles que l'ennui engendre avec l'absence.





19-02-2004



© Henri-Pierre Juguet